Climat, Savoirs et Politique, XVIIIe-XXe siècle Paris 16 et 17 septembre 2011
APPEL A PROPOSITIONS Colloque international « Climat, Savoirs et Politique, XVIIIe-XXe siècle » Paris, 16 et 17 septembre 2011.
Organisateurs :
Jean-Baptiste Fressoz, Fabien Locher, Julien Vincent.
ANR Profutur
IHMC, UMR ENS/CNRS 8066
CRH, UMR EHESS/CNRS 8558
La question du changement climatique global constitue un enjeu crucial de notre temps. Elle mobilise expertise scientifique, États, mouvements sociaux et société civile, en un processus où se mêlent indissolublement délibérations politiques, fabrication des savoirs, éthiques de l’avenir et technologies de gouvernement. La reconnaissance de la menace climatique globale participe d’un essor général de la réflexivité environnementale qui s’exprime également à propos des questions de biodiversité, d’épuisement des ressources ou de pollution. Ce « tournant réflexif » est souvent décrit comme un aspect déterminant de notre rupture avec une « modernité » quant à elle peu consciente des conséquences de l’agir humain sur l’environnement, et de ses effets en retour.
Ce colloque international a pour projet de reposer cette question des liens entre Climat, Savoirs et Politique qui marque le contemporain dans une perspective historique large, portant sur les XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Notre volonté est double. Refuser l’historicisme sommaire, qui ramène la prégnance ancienne de la question climatique au rang d’une antienne sans cesse réactivée — mais sans chercher à comprendre les logiques profondes qui s’y trouvent à l’œuvre. Mais aussi nous démarquer des grands récits de sortie de la « modernité » qui obscurcissent notre compréhension des dynamiques historiques et des situations contemporaines, au nom de la rupture avec un passé reconstruit sur mesure.
Une première série de questions concerne le caractère transversal de la notion de climat. Commune à plusieurs disciplines et formes de connaissance, relevant à la fois des sciences de l’homme et des sciences de la nature, l’idée de climat contribuait à dessiner un cadre spatial et temporel commun à différents types de savoirs. La prise en compte des différences climatiques entre les régions rapprochait ainsi la médecine, la géographie, la botanique et la législation. De même, l’étude du climat dans le temps en faisait une notion cruciale pour la géologie, pour l’histoire naturelle, mais aussi pour l’histoire des civilisations et des régimes politiques. À quelles époques et dans quels contextes ce caractère transversal a-t- il constitué un enjeu important ? Certains types de savoirs, comme la topographie médicale, ont-ils particulièrement oeuvré à la transversalité de la notion ? Quel rôle l’enregistrement statistique et sa dimension territoriale ont-ils eu dans la constitution du paradigme climatique ? Inversement, la recherche d’une science séparée de l’atmosphère et du « temps qu’il fait » a-t-elle contribué à le remettre en cause ? D’autres approches, comme les sciences sociales ou l’économie politique, se sont-elles constituées en opposition à un usage large de la notion de climat ? Comment les savoirs traitant de l’homme en société ont-ils intégré le questionnement climatique ?
Une deuxième série de questions concerne plus directement l’importance de la notion de climat dans le gouvernement des hommes et des choses. En quoi le climat a-t-il été, depuis l’époque moderne, une catégorie de la réflexion politique et des formes concrètes du gouvernement ? La grille de lecture climatique définissant des territoires hétérogènes, comment ces territoires étaient-ils caractérisés, en termes d’opposition Nord/Sud, Chaud/Froid, Extrême/ Tempéré ? Comment cette caractérisation justifiait-elle des manières spécifiques de gérer les hommes et les environnements dans les espaces métropolitains et coloniaux ?
Plusieurs travaux ont montré l’importance de la question climatique dans la gestion des ressources forestières. Mais trouvait-elle d’autres objets d’application, notamment dans ce champ du gouvernement des ressources ?
Un troisième volet de la réflexion concerne le rôle du climat pour situer l’action humaine dans le temps. Catégorie de compréhension du présent et du passé, la notion de climat permettait- elle d’anticiper et de façonner le futur ? Au-delà des évocations littéraires, quels étaient les savoirs administratifs et pratiques mis en œuvre pour anticiper les bénéfices ou les difficultés que poserait l’évolution des rapports entre l’homme et le climat ? Quelle place cette notion a-t-elle occupée dans la réflexivité environnementale des sociétés du passé ? Comment ont été pensées la possibilité d’une action de l’homme sur le climat et ses conséquences en retour sur les groupes humains, les environnements, voire la planète toute entière ?
Autant de questions fondamentales que ce colloque ambitionne de travailler, dans une approche à l’intersection de l’histoire politique, de l’histoire environnementale et des science studies.
Les propositions d’intervention explorant le lien entre climat et gouvernement et celles qui permettent de tracer une histoire longue de la réflexivité environnementale seront particulièrement appréciées. Les thème suivants nous paraissent importants pour ce colloque : l’anticipation climatique, le climat dans les sciences humboldtiennes, le néohippocratisme, le climat dans l’anthropologie, l’acclimatation, l’eugénisme climatique, le climat dans l’économie politique et les sciences morales.
Les propositions de jeunes chercheurs sont bienvenues et les frais de déplacement et de logement seront pris en charge. La conférence se déroulera en anglais et en français.
Vous pouvez envoyer un résumé de 500 mots et un CV d’une page avant le 15 mars 2011
climateconferenceparis@gmail.com