De la révolution industrielle du 19ème siècle au développement des technologies de l’information et de la communication à la fin du 20e siècle la problématique de l’organisation de l’information est au cœur des sociétés contemporaines. Face à l’explosion de plus en plus exponentielle de l’information, des techniques, des méthodes et des processus de collecte, de traitement et de diffusion de l’information se sont alors développés donnant lieu à l’apparition d’acteurs divers, des métiers, des formations, des associations, des cadres juridiques, des politiques, une discipline plus ou moins
autonome (Cacaly, 2006, p.122).
Si les pays du Nord et ceux dits émergents ont de manière « naturelle » intégré la dimension et la fonction information dans leur politique globale de développement, d’expansion et de conquête économique et culturelle des territoires, il n’en a pas été le cas des pays africains à l’exception de quelques-uns. Tributaire de leur histoire sociopolitique, les modèles de développement déployés dans ces pays ont généralement été bâtis sur l’idée d’une priorisation des secteurs qualifiés de névralgiques au détriment de ceux jugés certes importants, mais non prioritaires. A cet effet, la stratégie de développement du système d’enseignement supérieur et les formations universitaires qui s’y sont déployées ont tenu compte des « priorités » définies par les politiques publiques. Au moment de leur indépendance pour la plupart en 1960, la priorité avait été donnée à la formation d’une main d’œuvre hautement qualifiée pour remplacer progressivement les hauts cadres de l’administration coloniale. Les formations étaient pour l’ensemble, assurées uniquement dans les métropoles occidentales. Au regard des limites observées par cette politique, des établissements d’enseignement supérieur furent créés progressivement en Afrique sous l’assistance technique occidentale, et la priorité fut donné à la mise en œuvre des formations, au niveau facultaire, en sciences économiques et droit, sciences, lettres et sciences humaines. Pour ce qui est des grandes écoles la priorité fut donnée notamment à l’éducation (école normale), la médecine, l’agronomie, les relations internationales et le journalisme.
La formation dans les autres secteurs plutôt marginaux comme l’information documentaire était assurée via la coopération internationale dans des écoles étrangères notamment en Europe (France), en Amérique du Nord (USA et Canada) et parfois dans certains pays africains qui disposaient des structures de formation dans le domaine à l’instar de l’EBAD de Dakar (Sénégal). Ces formations se justifiant du fait de l’existence tacite ou implicite de la fonction information documentaire dans les administrations (Archives, bibliothèques nationales) et les institutions universitaires (bibliothèque universitaire), sous la forme héritée du pouvoir colonial, dont le souci était d’organiser la documentation de ses colonies. Cet héritage colonial a connu des fortunes diverses notamment pour ce qui est de la paupérisation scientifique, politique et économique de l’information documentaire.
Des initiatives internationales ont été développées pour permettre à l’Afrique d’intégrer la dimension informationnelle dans ses politiques de développement. A titre d’illustration, la série d’études RAMP de l’UNESCO a souvent adressé de manière précise les problématiques d’organisation, de gestion et de conservation de l’information documentaire dans les pays en développement. La Francophonie à travers son Portail international archivistique francophone (PIAF) s’est particulièrement spécialisée sur la formation dans le domaine de l’archivistique. l’IRTM (International Records Management Trust) et son programme Training in Electronic Records Management (TERM) a développé des modules de formation en gestion électronique et système d’archivage électronique des documents. L’ONG Bibliothèque sans frontière, la fondation Bill & Melinda Gates ou encore la fondation New York Carnegie, etc. ont souvent intégré dans leurs programmes de financement la mise en place des dispositifs d’information documentaire en direction des pays d’Afrique. Toutes ces initiatives et bien d’autres ont contribué dans une certaine mesure à la démocratisation des sciences et techniques de l’information documentaire.
Cependant, malgré tous ces efforts au niveau international, la fonction documentaire dans les politiques publiques n’est pas toujours lisible dans la plupart des pays africains, excepté les pays africains de culture linguistique anglophone. Les sciences et métiers de l’information sont toujours marginaux et peu visibles aussi bien dans la sphère socio-économique que dans l’académie et la recherche, en témoigne la piètre qualité des institutions de diffusion du savoir en termes d’infrastructures, de fonds et collections documentaires (bibliothèques et archives tous types confondus).
Objectifs du colloque :
Dresser un bilan du niveau d’appropriation du champ des connaissances scientifiques et professionnelles en information documentaire par les pays africains ;
- Interroger les modèles institutionnels de formation en Afrique, et les résultats obtenus au niveau de la formation, de la recherche et de l’appui au développement ;
- Montrer, au-delà d’une vision militante, quelle peut être la contribution de l’organisation, de la gestion et de la conservation des savoirs et des informations dans les politiques africaines de développement ;
- Identifier les transformations, les distanciations, les bifurcations, les « bricolages » et les innovations qui se sont produits dans la cohabitation entre la culture occidentale dite écrite et celle africaine dite orale afin de mettre en évidence les mécanismes qui rendent possibles des modèles innovants de développement endogène des sociétés et institutions africaines.
Les propositions de communications vont s’inscrire autour de trois axes à savoir : La formation, la recherche et l’appui au développement.
Lancement de l’appel : 31 décembre 2014
Réception des résumés de communications : plus tard le 28 février 2015 Réponse du comité scientifique : plus tard le 30 mai 2015
Réception des textes définitifs : 30 septembre 2015
Publication du programme du colloque : à déterminer
NB : Les communications des participants seront publiées dans les actes du colloque. Une sélection d’articles sera publiée dans la revue Fré- quence Sud après évaluation pour un dossier thématique
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